Université Populaire et Participative du 21/04/2011 à Albi - Pour une économie de progrès social et humain

Débat participatif  du 21/04/2011

"Pour une économie de progrès social et humain 



SCOP, micro-crédit, relocalisation de la production, sont aujourd'hui des outils de régulation et de lutte contre les déséquilibres et les désordres économiques et sociaux actuels. 

Ceux-ci ont été présentés par des experts de terrain, responsables de coopératives ouvrières, d’associations solidaires ayant des activités économiques et par M. SENGA, économiste. 


Des SCOP picto-charentaises au salon "Made in France" : voir l'article


          La production de richesses doit répondre aux besoins des hommes, besoins vitaux de base, se loger, se nourrir, se soigner, besoins sociaux, s’instruire, se cultiver, échanger, avoir des relations humaines, des loisirs, besoins humains et citoyens de dignité, de liberté, d’égalité, de justice.
          Nos sociétés, aujourd’hui, bien que plus productrices de richesses que jamais, n’assurent plus une réponse à ces besoins : le profit de quelques-uns est devenu le seul but assigné à la production de richesses. Et d’ailleurs, la production est abandonnée, car il existe un moyen plus  efficace et moins contraignant de faire des profits : la financiarisation, la trouvaille du néo-libéralisme mondialisé.
          Le travail, l’entreprise, la vie des hommes et des femmes sont sous la férule de cette barbarie : faire du fric, des milliards et des milliards d’euros, de dollars, ou encore de yens. 
Rien ne résiste à cette pandémie.
          Et pourtant, à bien y regarder, on voit bien que l’économie ainsi orientée ne peut qu’aboutir à la ruine même de ceux qui en bénéficient aujourd’hui! Qu’elle est mortifère pour notre planète, pour notre culture, pour notre dignité d’êtres humains!
          Mais aussi, à bien y regarder, on peut constater que la société réagit pour échapper à cette folie : des coopératives, des relocalisations, des entreprises attentives à rester dans le territoire et à le faire vivre, se révèlent des réussites économiques et sont porteuses de valeurs éthiques fortes.
          Par ailleurs, des économistes éclairés  théorisent ces pratiques et les soutiennent comme des chances d’un avenir socio-économiques tenable économiquement, écologiquement et juste humainement.
          Désirs d’Avenir du Tarn, association qui promeut une pratique citoyenne participative définie par Ségolène Royal, a organisé un débat participatif pour vous informer, témoigner et réfléchir  autour de  ce défi : s’engager dans une économie de progrès social et humain.
          Ceci avec la participation de responsables de coopératives ouvrières, d’associations solidaires ayant des activités économiques et de Jean François Senga, économiste.


L’ambiance au Théâtre de la Croix Blanche à Albi est chaleureuse et studieuse.
Marie-Christine Pouchet, présidente de Désir d’Avenir du Tarn ouvre la séance et présente les intervenants.
Annie Ségura Daudet qui a créé DA81 rappelle que Désir d’Avenir est une association  émanant de la candidature de Ségolène Royal en 2007. Il va de soi que nous sommes socialistes. Nous proposons des réunions, des débats, dans une démarche participative qui est celle de Ségolène Royal  et qui est actuellement adoptée par le  PS. Nous faisons venir des témoins, des experts dans le champ choisi, prise de parole, échanges, comme avec vous ce soir. 


Le premier intervenant, Patrice Chaillet, Directeur Général de l’APAJH du Tarn (association pour l’accueil des jeunes en situation de handicap) gère environ 300 salariés et sert 900 bénéficiaires au sein de  l’ESAT (établissement et service d’aide par le travail) qui fonctionne comme une entreprise  Elle sert  environ 1200 repas par jour.
L’association  à but non lucratif respecte les valeurs de citoyenneté, laïcité, solidarité. La laïcité pour P. Chaillet c’est surtout le respect de la différence de ces personnes en situation de handicap qui, grâce à cette structure  vont trouver une place dans la vie locale. Elles vont donner à la société qui va ensuite leur rendre une dignité.
Cela ne peut se faire sans un ancrage local de l’entreprise. L’organisation de la fourniture de repas passera donc par  l’utilisation des producteurs locaux. L’idée parait simple mais la réalisation reste complexe.

Cela demande un changement :
- Refus de suivre les concurrents et d’entrer dans leurs centrales d’achat,
- Maitrise progressive  d’un  logiciel d’achat qui conduisait  à ces mêmes centrales pour rester local.

Aux dernières observations en 2009 nos achats locaux représentaient  20% du total alors que le concurrent direct arrivait seulement à 8 %.
Le pari est difficile car les cycles de production font fluctuer les quantités. Faire le choix du local est plus cher. Peu à peu des liens se créent avec les GAEC, les vergers locaux, certains artisans en boulangerie et salaisons, des producteurs de viande. Les clients doivent se rendre compte que le prix est justifié par la qualité et  que nous évitons les produits industriels de provenance lointaine  mal définis.
Nous payons nos matières premières, nos employés, nous renouvelons notre matériel. Nous ne distribuons pas d’argent à des actionnaires.

Comme celui de la santé ce secteur est soumis à de grands bouleversements. Nous passons d’une économie protégée à une économie de marché. Nous devons donc rediriger nos efforts, aider nos salariés à donner le meilleur d’eux-mêmes dans le respect de nos valeurs.
Le travail doit avoir un sens.

Deuxième intervenant : Julie Laur représente l’Union Régionale des SCOP.
Elle traite du fonctionnement et de  l’intérêt de ces entreprises particulières qui remontent au 18° siècle, ont évolué et continuent à progresser.

En France, 2000 entreprises de 2 à 1500 salariés chacune. En Midi-Pyrénées 140 SCOP ,2000 salariés. Issues du mouvement ouvrier, elles sont régies par des lois précises. Les ouvriers sont associés majoritaires de leur entreprise. Les dirigeants qui restent salariés sont élus. Un sociétaire représente une voix. Les grandes décisions sont prises en Assemblée Générale. Il y a partage des profits (60% aux salariés, 40% mis en réserve, 0% pour les dividendes). Une réserve est constituée pour le développement de l’entreprise et reste à l’entreprise. Il y a volonté d’amener chaque salarié à devenir associé. Julie Laur est salariée de son entreprise.

Devenir associé est une étape à franchir qui s’inscrit dans  le temps. La comparaison faite avec les entreprises possédées par des actionnaires montre bien que même pour les salariés l’état d’esprit est différent. La confiance permet de réduire la surveillance. L’engagement crée une ambiance qui rayonne sur tous. 

Géraud Acquier raconte l’entreprise ITER (conseil en mobilité) dont il est, lui associé gérant, réélu chaque année depuis 10 ans. Il fait vivre devant nous son entreprise. Il nous présente plusieurs de ses collègues.
François le fondateur, ancien CFDT, qui a passé ses responsabilités de gérant à un tout jeune il y a dix ans. « Tu as des idées, tu nous embêtes un peu, viens montrer ce que tu sais faire… »
Géraud est réélu depuis tous les ans. Madeleine, la secrétaire, devenue associée au bout de 5 ou 6 ans. On lui remboursera son capital quand elle partira à la retraite. Bertrand, consultant, a été associé dès le 1° jour d’embauche car sur lui pèsent des responsabilités importantes. Devenir associé c’est être d’accord avec les valeurs. Trois réunions  par an fixent les grands axes, l’échelle des rémunérations qui peut aller de 1 à 4 mais ne varie que de 1 à 2,5 chez ITER. Votes à l’unanimité à bulletin secret.
On devient associé par un geste volontaire en laissant  un petit pourcentage de son salaire à l’entreprise ou lors d’une entrée d’argent inespérée (héritage ...). On apporte un capital.
La démocratie est exigeante, difficile mais fonctionne. Si on veut que ça change, il faut se mettre en mouvement. Ceci est caractéristique de l’économie sociale.


Loïc Stephan, professeur d’économie,  intervient  au pied levé pour remplacer J-Paul Singa.
Associations et SCOP s’attachent au lien entre les employés et leur environnement pour le bien-être au travail,  ce qui est essentiel.
Si les salariés sont stressés le travail est moins efficace
3 facteurs de justice au travail sont retenus :
- justice distributive,
- justice procédurale (récompenses, sanctions justes)
- justice transactionnelle (vais-je trouver un interlocuteur si je ne suis pas content ?)
Un exemple : à la Poste avant l’ouverture à la concurrence le facteur était investi d’une vraie mission. Il a perdu le sens de son travail, le lien à la société. Personne n’est content.
L’économie doit créer du « vivre ensemble », du lien.

10% des emplois en France dépendent de l’économie solidaire, soit 7 à 8 % du PIB.
L’emploi est  plus féminisé dans ce secteur. Le turnover est bien inférieur à celui du secteur marchand. La stabilité est facteur de bien être.
Dans le secteur marchand il y a un surcoût lié au manque de confiance.
Le lien social est aussi créé par la participation de bénévoles.
Il y a un énorme potentiel de développement de ces entreprises solidaires



Aperçu du débat
 
Alain Rouquier : Quel poids donner aux bénévoles ?
P. Chaillet : Ils sont de plus en plus démunis pour fixer les grandes orientations. L’association qui offre des services est en concurrence avec le privé. Le client choisit en fonction de critères marchands. Il faut penser à de meilleurs statuts.
Géraud pense que les Scop ont à leur disposition assez de lois. Il faut développer ce secteur en informant, écoles, mairies….
Gérard Poujade, conseiller régional, maire du Séquestre pionnier du développement durable dit que dans ses marchés il donne la préférence aux SCOP, favorise la reprise d’entreprises  en SCOP  par les employés….
Un participant de la salle dit que c’est la première fois depuis longtemps  qu’il assiste à une réunion où on pense.

Cela coïncide avec la démarche de Désirs d’Avenir et de Ségolène Royal qui veut être jugée sur ses idées,  sur les idées qui remontent de la base. C’est le rôle des UPP.
La sécurité dans le travail, sécurité de l’emploi, est une des préoccupations de Ségolène Royal  de travailler avec la base sur les sujets les plus sérieux et de faire remonter les informations.

  Nos actions ont  trouvé leur prolongement dans la venue de Ségolène Royal à
Toulouse le 22 mai Salle Barcelone, 33 allées de Barcelone.

Les membres de DA81 se sont retrouvés à Toulouse.
Salle en sous-sol, une assistance très variée, aimable, heureuse, grand nombre de jeunes en groupes. Pourquoi reste-t-on dehors ? Il y a peu de chaises et déjà beaucoup de monde.
A l’arrivée de S. Royal. Nous compterons  plus de 600 personnes.